Le billet du mois

LA RUEE VERS L’INDE ?

« Ruée[1] » désigne la portée d’un objet qu’on lance (1170). Puis plus récemment, dès 1864, traduit de l’anglais « rush », comme le mouvement impétueux d’une foule qui se rue dans une même direction. « La ruée vers l’or » évoque le départ et l’installation de milliers de personnes autour de la découverte de filons d’or dans différents endroits du monde. De véritables villes ont ainsi émergé avec des commerces, banques, services de santé, pour accompagner ces chercheurs d’or.


Cette ruée vers l’or, promesse d’une fortune et d’une vie meilleure, contient une connotation d’aventures, de rêves et d’utopie ! L’Inde, c’est un peu cela. Depuis les années 70, ce pays fascine, attire de nombreuses personnes pour des raisons touristiques, car ce pays immense est magnifique, mais aussi pour des motifs personnels, existentiels, philosophiques et spirituels.


Dans son livre assez décapant, « yoga, une histoire-monde. De Bikram aux Beatles, du LSD à la quête de soi : le récit d’une conquête », Marie Koch, développe l’attraction, de l’Inde sur les occidentaux en quête de sens, perdus dans leur univers matériel et consumériste, et, le rôle prépondérant du yoga dans cette fascination. L’or de l’Inde ce serait cela, le contexte spirituel, philosophique, le yoga, et associées au yoga, toutes les pratiques et techniques de bien-être et de développement personnel.


Ainsi, l’ayurvéda, science et médecine indienne, que l’on présente comme holistique, s’est développée aux côtés et en complément des séjours, stages, formations de yoga. Aller en Inde c’est se rendre à la source même si les modalités de séjour font souvent le grand écart entre authenticité, commerce et marketing. C’est se connecter aux traditions spirituelles, de bien-être, de santé. C’est renouer avec les grands maîtres, c’est s’inscrire dans une transmission.


Comme beaucoup de gens, je rêvais d’aller en Inde depuis longtemps ! Mon compagnon est largement responsable de ce désir car il m’a raconté de nombreuses fois son voyage durant trois mois lorsqu’il était âgé de cinquante ans. Il est parti avec son sac à dos et a effectué une sorte de pèlerinage en Inde du Nord, sur les traces de Bouddha. Ses récits sont extraordinaires offrant pourtant un portrait contrasté de l’Inde : j’en ressens de la beauté mais aussi de la frayeur.


Les paysages sont grandioses, mais on y côtoie aussi la pollution, une très grande pauvreté, les castes, des femmes considérées souvent comme inférieures, voire maltraitées.. Toute une ambiance également ; du bruit, la foule, la solitude, les grands espaces, les odeurs, les parfums, les couleurs, des saveurs incomparables. Dominique m’a souvent dit que dans ce pays il ne fallait pas regarder les gens sinon on était assailli de demandes.


Ne pas accrocher le regard, donc. Je me suis souvent imaginée là-bas, ballotée comme une feuille légère, émue, brassée, baratée. J’ai décidé assez récemment d’aller en Inde. Du moins, d’effectuer un premier séjour. Depuis, j’ai l’impression de rencontrer tout un tas de gens qui y vont également. Un séjour dans l’air du temps ! En Inde du Sud, dans le Kérala : Yoga le matin et soir, et, cure ayurvédique.


Bien que j’ai des représentations de l’Inde oscillant entre la féérie et la dureté, je n’ai pas d’attentes particulières, si ce n’est commencer à découvrir ce pays singulier aux multiples facettes.


Je pars en Yogini prête à accueillir l’empreinte de ce voyage dans ma pratique et ma manière de concevoir le yoga.


Je pars aussi, fidèle à ma démarche intellectuelle, en ethnologue, mon carnet de chercheuse et mon crayon, dans ma besace.


[1] dictionnaire historique de la langue française sous la direction d’Alain Rey mars 2000.