
Le yoga déconfiné
Ne pouvant tout de suite regagner les salles habituellement mises à disposition des communes pour pratiquer le yoga, et la météo aidant, j’ai pu proposer des cours en plein air, moyennant le respect des gestes barrières…et notamment de ce que l’on a coutume d’appeler maintenant, la distanciation sociale.
En amont, un peu de repérage et de l’aide pour trouver le terrain adéquat : plat si possible, à l’écart de la ville mais pas trop loin, facile d’accès, disposant à la fois d’ombre et de soleil. Pas si simple, mais nous y sommes arrivés. Le terrain de camping de Murat situé près de la rivière et bordé de champs, et, le site du calvaire avec sa chapelle, à Saint-Flour. Deux vibrations différentes mais toutes deux champêtres et inspirantes!
J’avais déjà fait l’expérience de pratiques à l’extérieur mais jamais d’un cours complet. Je sentais l’aventure qui pointait son nez !
Mais le plus important c’était de retrouver en vrai les personnes, leur visage, les expressions, profiter de leur présence ! Une émotion teintée de retenue, d’hésitation, de prudence.. Que pouvions-nous nous dire après tout ce temps, au sujet de cette « drôle » de période ? Avant tout, se sourire en attendant de pouvoir se prendre à pleines brassées.
Alors, les pieds dans l’herbe, la tête dans le ciel, nous nous sommes imprégnés de tout ce qui nous entourait : le parfum de l’herbe coupée, cette ambiance joyeuse lors des fenaisons, cette connexion aux moissons, au cycle des saisons, le chant des oiseaux, de la rivière, le « zaizément » des insectes, le vent sur notre visage et dans nos cheveux, le soleil et l’ombre qui chahutent…puis aussi, les engins agricoles, le chien qui vient et qui aboie…des gens qui parlent et qui approchent, la circulation plus loin. Nous n’avons pas cherché à nous séparer de cet environnement, de ce contexte mais au contraire, nous nous y sommes tour à tour plongés, baignés… Abandonnant nos repères habituels nous nous sommes fondus dans les éléments. Les mouvements, les postures de l’arbre, du poisson et de la tortue venaient compléter ce tableau végétal, minéral et animal. Ces sensations nous portaient et nous nous sentions flotter, légers comme des libellules. Notre respiration calme, régulière, se faisait l’écho de cette vibration à l’entour. L’inspir et l’expir se répondaient, l’extérieur et l’intérieur s’unissaient. La liberté dans nos mouvements s’accordait aux dessins des arbres et des fleurs.
On se serait endormi abandonnés dans cette ivresse comme des enfants.


